Les ambassadeurs de la mémoire au lycée Henri Matisse de Cugnaux

Le groupe des ambassadeurs de la mémoire du lycée Henri Matisse de Cugnaux a étudié le camp du Récébédou, situé pendant la Seconde Guerre mondiale à Portet-sur-Garonne, commune voisine de l'établissement, et présenté son travail le 27 janvier 2025, lors de la 6ème rencontre nationale des ambassadeurs de la mémoire à Paris.

Les prémices du projet 

En septembre 2023, la ville de Portet-sur-Garonne, qui souhaite faire intégrer à son musée de la mémoire le Réseau des lieux de mémoire de la Shoah en France, propose au lycée de former un groupe d’ambassadeurs de la mémoire.

C'est alors que quinze élèves, de la seconde à la terminale, et deux professeures d’histoire-géographie, partageant les mêmes valeurs et les mêmes centres d’intérêt, se sont portés volontaires et ont participé, tous les mardi pendant un an et demi, à l’atelier des ambassadeurs de la mémoire.

L'atelier des ambassadeurs de la mémoire

Dans le but de présenter le camp du Récébédou, lors de la 6ème rencontre nationale des ambassadeurs de la mémoire à Paris et à l’occasion du 80ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le groupe d'ambassadeurs a pu consulter :

  • les archives du camp,
  • les listes d’internés,
  • les plans laissés par les architectes,
  • les lettres administratives qui témoignent de la vie quotidienne,
  • les rapports faits par les différentes œuvres présentes au camp,
  • la correspondance envoyée par Alice Bab au secours Suisse.

À l’été 2024, un petit miracle s’est produit. Eva Wood, une octogénaire américaine a fait don de la correspondance de son père Henri Edelsburg avec sa mère Andrée lors de son internement au camp du Récébédou. Eva Wood venait de leur transmettre la mémoire de ses parents et de son oncle... près de 70 lettres à la calligraphie illisible, lentement décryptées, puis analysées. Les élèves ont été projetés fin 1941, dans l’histoire de cette famille de juifs polonais venus s’installer à Toulouse. Lentement, patiemment, mais avec acharnement, les élèves ont reconstitué l’histoire de cette famille.

La cérémonie en mémoire de la libération du camp d'Auschwitz

Dimanche 26 janvier, le groupe d'ambassadeurs a participé à la cérémonie en mémoire de la libération du camp d’Auschwitz, à Portet-sur-Garonne, en présence d’une centaine de personnes, unanimes pour saluer la qualité du travail accompli.

Lundi 27 janvier, les ambassadeurs se sont rendus à l’hôtel de Lassay à Paris, pour participer à la 6ème rencontre nationale des ambassadeurs de la mémoire.
Le temps d’un poème écrit par Henri Edelsburg, slamé autour d'une présentation théâtralisée, les élèves ont mis en scène les différents personnages rencontrés au cours de leurs recherches, alliant présentation historique et moments artistiques.

Le travail des élèves et de leurs professeurs a été salué et les diplômes d’ambassadeurs de la mémoire leur ont été remis.

Le camp du Récébédou, camp d’internement qui fonctionna de juin 1940 à novembre 1942, où furent hébergés des républicains espagnols, des juifs allemands expulsés par les nazis, et des étrangers, fut un temps un camp hôpital, vitrine destinée à leurrer les journalistes américains dépêchés sur place à l’été 1941. Il fut fermé en novembre 1942 après la lettre de Monseigneur Saliège de l’été 1942, alertant sur les déportations des juifs internés au Récébédou depuis la gare de Portet-sur-Garonne.
On considère que le regard de l’opinion publique changea sur le sort des juifs à partir du moment où Jules Saliège fit part de son indignation. Le camp du Récébédou entrait alors pleinement dans la liste des lieux de mémoire de la Shoah en France. Pourtant, ce camp est peu connu. Aucun travail de recherche n’a véritablement été fait. Aucune monographie n’y est consacrée. Le petit musée de la mémoire, fondé en 2003 dans la dernière baraque du camp, attire peu de visiteurs.

Mise à jour : mars 2025