Une minute avec...Alexandre Laborie, directeur des ressources humaines de proximité

Quel est votre parcours ?

J’ai fait des études juridiques, un troisième cycle d’administration locale, puis un DEA de droit public avant d’entamer une thèse en droit constitutionnel. Cette formation juridique m’a beaucoup apporté en termes de structuration et d’ouverture.
Puis j’ai eu le concours d’attaché d’administration et j’ai fait le choix d’aller dans l’éducation nationale. J’ai été attaché non-gestionnaire dans un établissement scolaire de l’Aveyron pendant trois ans. Mais déjà, la fibre RH me « titillait », ce qui me plaisait le plus c’était la gestion et surtout l’appui aux personnels. J’ai ensuite été nommé dans le Tarn auprès des DASEN, comme responsable des RH, pendant 15 ans, jusqu’à la création de ce poste de DRH de proximité où je peux me consacrer pleinement à l’accompagnement.

En quoi consiste votre métier ?

Il est très divers. Tout d’abord, je réponds aux questions RH des agents, avec l’aide parfois d’autres personnes ressources avec qui je les mets en lien si besoin.
Je les accompagne aussi dans leur projet de mobilité, en réalisant des bilans professionnels, que cette mobilité se fasse au sein de l’Éducation nationale, ou en dehors pour ceux qui souhaitent se réorienter. Je reçois environ 300 personnels par an.
Ensuite, j’apporte mon appui aux chefs d’établissement, aux inspecteurs, aux encadrants. Je les conseille sur de la procédure, de la gestion de situations complexes, j’interviens dans des règlements de conflits et dans la gestion de collectifs.
Pour ce métier, il faut savoir écouter activement, se mettre à la place des gens qui nous sollicitent. Il faut également savoir s’adapter à chaque situation pour apporter une réponse car chaque personne et situation est unique.

Combien y a-t-il de DRH de proximité dans l’académie ?

Quand je suis arrivé, ce poste de DRH de proximité était un dispositif expérimental puis le Ministère l’a inscrit dans le paysage institutionnel. Petit à petit, le recteur a souhaité doter chaque département d’un DRH de proximité. Nous sommes maintenant un réseau de 11 DRH de proximité, ce qui est beaucoup plus intéressant au quotidien. Le fait d’être en réseau nous aide car chaque DRH appartient à un pôle ressource composé entre autre, d’un pôle accompagnement, d’un pôle appui des encadrants et d’un pôle résolution de conflits. Selon son appétence, chacun va développer des outils et faire des partages d’expérience que l’on mutualise ensuite. Au final, c’est un aller-retour entre un travail personnel au quotidien, où on est seul en rendez-vous, et un travail collectif. C’est la force de cette mission-là.

Quelle est la priorité cette année ?

La richesse de ce métier c’est que d’une année sur l’autre, les priorités évoluent. L’actualité, c’est le recrutement. Cela comprend plusieurs actions. Par exemple, en ce moment, nous participons aux salons TAF (Travail-Avenir-Formation), où nous présentons les métiers de l’Éducation et nous organisons les « Mercredis du recrutement » en établissement. Ces actions sont animées par un trinôme de recruteurs : un DRH de proximité, un chef d’établissement et un inspecteur. Nous travaillons avec pôle emploi qui nous a bien identifié et nous permet d’être présents, systématiquement.
Lors de ces journées de recrutement, on espère donner envie aux candidats de passer les concours ou d’être contractuels, de leur montrer que nos métiers ont du sens.

Pouvez-vous nous raconter une journée type ?

Mes journées sont riches et variées, c’est donc compliqué de définir une journée type.
Je m’organise en général avec des entretiens le matin, dans mon bureau, ou du travail avec le réseau. L’après-midi je pars en établissement, au plus près des personnels, pour les recevoir un par un, en toute confidentialité. En fin de journée, il m’arrive aussi de partir en circonscription pour une permanence pour les personnels du 1er degré.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce travail ?

Le contact humain, l’individualisation des réponses, l’écoute active, se mettre à la place de l’autre même si ce n’est pas toujours simple.
J’aime aussi voir les progrès et les évolutions de collègues que j’accompagne. Souvent, certains arrivent en me disant « je ne sais faire qu’enseigner » et par le travail que l’on fait ensemble, les enquêtes métier et les bilans professionnels, on découvre d’autres pistes, on élargit les possible, au sein de notre institution.

Vous êtes également référent académique pour l’égalité homme/femme, ce rôle consiste en quoi ?

C’est une mission qui me tient à cœur et que je partage avec la conseillère technique et assistante sociale des personnels. On met souvent en avant l’égalité fille/garçon, mais il faut nous-mêmes être crédibles là-dessus en tant qu’adulte. Il y a un enjeu fort auprès des personnels. Nous avons décliné le plan national d’action au niveau académique avec notamment un axe de formation. Donc j’interviens en département pour sensibiliser sur la question des stéréotypes, comment les gérer, comment ne pas aboutir à des préjugés pouvant conduire à des discriminations. Je travaille aussi sur la construction de parcours en auto-formation, par exemple à l’attention des membres de jurys, que l’on sensibilise à la question des biais.
Enfin, ma collègue et moi-même finalisons la mise en place d’une cellule académique de soutien et d’accompagnement pour les personnels victimes ou témoins de violences sexistes ou sexuelles, de harcèlement ou de discriminations qui devrait être mise en place très prochainement.

Quelle est votre devise ?

« Vivre c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, avec parfois des archipels de certitudes pour se ravitailler », d’Edgar Morin.

Quel livre vous a marqué ?

Il y en a tellement, je suis un grand lecteur, c’est dur de faire un choix… en voici néanmoins deux :
L’utilité de l’inutile, de Nuccio Ordine. Il existe dans les démocraties marchandes, des savoirs réputés « inutiles » qui se révèlent en réalité d'une extraordinaire utilité. À travers les réflexions de grands philosophes l’auteur montre comment l'obsession de posséder et le culte de l'utilité finissent par dessécher l’esprit. Ce livre est un plaidoyer pour la culture, l’élévation de l’esprit, la curiosité.
Et en roman, Le Maitre et Marguerite, de Mikaïl Boulgakov, c’est à la fois, une histoire d’amour, une critique politique et sociale, une comédie burlesque et un conte fantastique, c’est passionnant et foisonnant.

Quel est votre mentor ?

Je citerais Guy Lassoujade, mon instituteur dans le Gers, disparu il y a quelques jours, pour lui rendre hommage. On l’appelait tous « Monsieur ». Tous les matins, il nous racontait une anecdote et nous demandait à chacun de raconter une histoire. Le cours commençait toujours comme ça. Et je me souviens au passage en 6ème, il m’a dit « maintenant tu pars en 6ème, sors de ta chrysalide, envole-toi ». Il m’a beaucoup aidé et marqué.

Mise à jour : avril 2023