Une minute avec...Fabienne Vitrice, inspectrice de l'éducation nationale en Haute-Garonne

Quel est votre parcours ?

Après l’obtention d’une maîtrise en langues et cultures espagnoles, j’ai passé le concours de professeur des écoles. J’ai été nommée dans le Gers en 1998 puis j’ai occupé un poste de directrice d'école pendant 15 ans à L’Isle-Jourdain. J’ai par la suite eu mon CAFIPEMF, ce qui m’a permis d’accueillir des professeurs stagiaires dans ma classe. En 2017, j’ai obtenu un poste de conseillère pédagogique que j’ai occupé pendant 4 ans. J’ai passé mon concours d’inspectrice de l'Éducation nationale (IEN) en 2021. J'ai alors été nommée la 1ère année en Ardèche sur la circonscription d’Aubenas-Le Cheylard. J’ai eu la chance d’obtenir un poste en Haute-Garonne et depuis ma 2ème année, je suis sur la circonscription de Toulouse Rive Gauche. Elle comprend 30 écoles dont 12 en REP+, 2 en REP et les autres sur des quartiers de centre-ville. C’est une circonscription qui a deux configurations d'écoles assez distinctes : les écoles de REP+ avec des problématiques bien spécifiques à l'éducation prioritaire, un public plutôt défavorisé avec des difficultés sociales, et les écoles de centre-ville qui sont des écoles plus favorisées, avec d'autres problématiques et d'autres profils de parents et d'élèves qu'il faut prendre en compte.
Depuis la rentrée 2023, j'ai également la mission Éducation prioritaire politique de la ville.

En quoi consiste ce métier d’IEN ?

Le métier d’IEN est très varié et demande une grande capacité d’adaptation, de polyvalence.
La mission première est d’accompagner le travail des directeurs d’écoles et des enseignants, tant au niveau individuel que collectif.
Par ailleurs, nous les accompagnons également dans leur parcours professionnel, en rendez-vous de carrière. Nous participons et assurons la formation des personnels.
Enfin, nous les soutenons dans leurs problématiques quotidiennes. C’est un métier qui demande des compétences relationnelles et une grande capacité d'écoute. Pour ma part, je donne une grande place à l’humain et au terrain. Ma volonté, c'est de m’inscrire dans une relation de proximité, d’être présente aux côtés des personnels dans l’objectif d'avoir un climat scolaire apaisé, serein au sein des établissements.
Nous pilotons également notre équipe de circonscription pour assurer la mise en œuvre du programme éducatif dans les écoles, au service de la réussite des élèves. Cela se traduit aussi par un accompagnement des personnels dans les écoles, des professeurs stagiaires, des contractuels et le déploiement au niveau de la circonscription du plan départemental de formation.

Est-ce un travail d'équipe ?

La chance que nous avons en Haute-Garonne, c'est d’avoir un collectif solidaire et nous travaillons ensemble quand c'est nécessaire. Avec d’autres IEN, nous nous retrouvons pour réfléchir sur des thématiques communes, sur des questionnements, sur des événements ponctuels pouvant nous questionner. Cela permet de ne pas rester seul face aux difficultés du métier.
J’ai également une équipe de circonscription qui est un grand appui : une secrétaire, des conseillers pédagogiques et une coordonnatrice de réseau. Nous nous retrouvons toutes les semaines pour faire le point et parfois, nous invitons un directeur d'école ou un membre du Rased sur une thématique bien précise.

Une journée type ?

Ce qui fait la richesse de notre métier, c'est qu'il n'y a pas de journée type. Chaque matin, nous faisons le point avec la secrétaire avant que les écoles n’ouvrent pour savoir comment est la situation dans les classes : les professeurs absents, présents et les remplacements.
Il peut y avoir également dans une journée des rendez-vous de carrière, des réunions au rectorat, des audiences, des rendez-vous avec les directeurs, avec les parents, le traitement des mails et des dossiers, des rendez-vous sur le terrain lorsqu’il y a des urgences…

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?

Ce qui m’anime c'est l'humain. Je pense qu'il est important de donner de l'importance aux gens, de les écouter, de travailler ensemble vers un objectif commun : réduire les écarts et favoriser les progrès et réussites des élèves.
Ce qui me plait également, c'est l'éducation prioritaire, un réel enjeu de société : travailler avec les écoles, accompagner les familles et les élèves, les faire progresser, les installer dans une dynamique de réussite, gommer les inégalités sociales et faire en sorte que l'école remplisse son rôle, donner sa place à chacun et l’ambition qu’il mérite.

Comment mettez-vous en place les formations pour les professeurs ?

Nous déclinons dans la circonscription le plan de formation départemental du 1er degré. Il y a un nombre d'heures qui doit être dédié à la formation, avec des objectifs en lien avec le programme académique : savoirs fondamentaux en français et mathématiques, valeurs de la République et laïcité, et le programme pHARe sur le harcèlement.
En ce qui concerne les savoirs fondamentaux, nous partons des évaluations nationales que nous analysons et en fonction des besoins dans nos écoles, nous orientons le choix des formations en mathématiques ou en français. Par exemple, en mathématiques, c'est la résolution de problèmes qui est à travailler et la construction du nombre en cycle 2. En français, c’est la lecture et le langage oral qui retiennent toute notre attention.
Nous avons également des formations en constellations à mettre en œuvre. Par exemple, nous avons commencé cette année des constellations en grande section sur la liaison Grande section/CP pour travailler sur les ruptures en grande section/CP, CM2/6ème.

Quelle est votre mission pour l’éducation prioritaire ?

L'éducation prioritaire sur Toulouse c'est 8 réseaux REP et REP+ qui touchent toutes les circonscriptions toulousaines et 6 coordonnateurs. Je collabore avec l’ensemble des coordonnateurs de ces réseaux aux côtés des IEN qui sont copilotes de chaque réseau dans leur circonscription, en lien avec la DAASEN de la Haute-Garonne, la mairie de Toulouse et le Conseil départemental de la Haute-Garonne. Il y a également une conseillère pédagogique départementale avec laquelle nous travaillons sur le plan de formation de l'éducation prioritaire et sur les journées de pondération qui sont attribuées aux personnels REP+. Former les enseignants est une priorité pour une bonne mise en œuvre de la politique éducative dans ces quartiers prioritaires.
Cette année, nous avons étoffé la brigade des remplaçants de l'éducation prioritaire, qui est de 27 enseignants, ce qui nous permet de répondre aux besoins de formation de l'éducation prioritaire renforcée (REP+). Nous avons également travaillé sur le dispositif CP dédoublés en visitant toutes les classes concernées et en proposant des séminaires qui permettent d'échanger sur les problématiques et d’analyser nos résultats aux évaluations nationales. Notons que nos résultats sont au-dessus de la moyenne nationale.

En quoi l’IEN est un maillon fort du système éducatif ?

Il est un maillon fort parce que d’une part, nous déclinons sur le terrain la parole institutionnelle (les programmes, les orientations, la politique…) et d’autre part nous faisons remonter la parole du terrain : les signaux d’alerte parfois mais aussi le positif. Nous sommes là pour valoriser nos équipes, les encourager, leur apporter la sérénité nécessaire.
Un inspecteur qui va bien, c’est une circonscription qui va bien.

Quelle est votre devise ?

Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

Quel est votre œuvre préférée ?

Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Ce livre me suit depuis l'âge de sept ans. Je l'ai lu enfant et depuis je le relis régulièrement.

Quel est votre mentor ?

Je n’ai pas de mentor mais ce sont plutôt des rencontres, qui ont marqué mon parcours de vie et m’ont inspirée à chaque étape de mon parcours.

Mise à jour : février 2024