Une minute avec...Guillaume Bonzoms, délégué du numérique pour l'éducation

Quel est votre parcours ?

J'ai commencé en tant que professeur de biotechnologies, santé, environnement en lycée professionnel. D’abord stagiaire dans l'académie de Bordeaux, puis trois ans dans l'académie de Créteil, et enfin dans l'académie de Besançon.
J'ai toujours été intéressé par le numérique pédagogique. Dans l'académie de Besançon, j’ai participé au Forum des enseignants innovants : j'avais créé un jeu pédagogique en prévention santé environnement pour les élèves de lycée professionnel sur la gestion de budget où j’avais transformé l'ensemble du programme en jeu. J’ai ensuite candidaté pour être chargé de mission sur la communication et la valorisation du numérique, puis adjoint à la déléguée académique au numérique de l'académie de Besançon.
Et il y a trois ans et demi, je suis arrivé dans l'académie de Toulouse en tant que délégué académique au numérique, conseiller du recteur pour le numérique. Je suis maintenant directeur de région académique délégué du numérique pour l'éducation (DRANE).

En quoi consiste votre métier ?

Mon métier est multi-facettes. Mon premier rôle est de conseiller le recteur sur la stratégie du numérique et les actions à mettre en place autour du numérique pour l'éducation notamment au niveau pédagogique. Ça inclut la création et le pilotage du programme académique de formation au numérique pour tous les enseignants en lien avec l’école académique de la formation continue, dont la DRANE fait partie.  
Nous mettons aussi en place la formation par le numérique, avec la plateforme Magistère.
Et ensuite nous avons tout un volet impulsion, expérimentation de nouvelles pratiques pédagogiques. En ce moment, par exemple, on expérimente des solutions se basant sur l’intelligence artificielle pour faciliter le rôle de l'enseignant et lui permettre de travailler l'individualisation des apprentissages pour les élèves.
Enfin, nous valorisons ce qui se fait sur le territoire, les pratiques inspirantes des enseignants, que ce soit dans les écoles, les collèges, les lycées.

Quels sont les enjeux aujourd'hui du numérique dans l'académie ?

Un des principaux enjeux est de permettre à chaque enseignant de se positionner sur ses compétences numériques, professionnelles, avec la plateforme Pix + Edu et de lui donner les moyens, s'il le souhaite, de développer ses compétences numériques professionnelles.
Un autre enjeu est de faire du numérique un objet qui soit au service des apprentissages et qui soit aussi dans des usages pertinents et raisonnés. L’intérêt n’est pas de développer le numérique pour faire du numérique, mais un numérique qui vient soutenir les apprentissages. S'il n'y a pas de plus-value à utiliser le numérique, on n'utilise pas le numérique. Il faut aussi intégrer toute la dimension transition écologique pour que l’on ait des usages raisonnés du numérique et des écrans seulement quand on en a besoin.

Est-ce qu'il y a des temps forts dans l’année ?

Il y a plusieurs temps forts dans l'année. Le séminaire des acteurs du numérique, qui réunit 400 personnes, dans onze lieux simultanément de l’académie. L’objectif est de créer un réseau d'acteurs et de s'inspirer les uns les autres. Ça fait partie de notre ADN. À la DRANE, on pense que le premier degré peut apporter au second degré, que les professeurs de collège peuvent apporter aux professeurs de lycée pour avoir un continuum sur les usages pédagogiques du numérique.
Il y a donc nécessité d'avoir à la fois un maillage territorial (parce que notre académie est très vaste), mais aussi des temps où l’on prend un peu de recul sur notre quotidien et se demander comment mieux travailler ensemble, comment améliorer les choses.
Un autre temps fort, la semaine des pédagogies actives, a lieu fin janvier. Elle permet de requestionner ses pratiques et d'avoir le témoignage et le retour d'expérience d'enseignants de toute l'académie sur différentes pratiques pédagogiques. Cette année c'était sur l'intelligence artificielle : de nombreux enseignants s'en sont déjà emparés pour la construction des cours et pour individualiser les apprentissages des élèves.

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier, dans ces missions ?

Travailler en équipe parce que c'est extrêmement enrichissant ! Il y a une très forte dynamique d'équipe et en plus de l'équipe, il y a de nombreux partenaires. C'est enrichissant personnellement et professionnellement de croiser les regards avec toujours le souhait partagé d'avoir une action pour les enseignants et pour les élèves.

Vous êtes combien dans l'équipe ?

Nous sommes une cinquantaine de personnes dans l'équipe, composée quasiment exclusivement d'enseignants, qui sont en grande partie encore dans les établissements. Ce qui fait qu'on peut, et c'est une richesse, adapter rapidement les actions conduites au niveau académique aux besoins réels du terrain, à l'actualité et aux difficultés qu’ils peuvent éventuellement rencontrer.

Un exemple concret de projet qui vous a marqué ?

Un projet que je trouve fabuleux, c'est le dispositif TED-i : des robots de télé-présence pour les élèves hospitalisés. Ted-i leur permet de garder un lien social avec les camarades de classe et de poursuivre les apprentissages. Les retours sont toujours positifs. Il y a souvent un sentiment de double punition : j'ai une maladie et en plus je suis coupé du reste de mes camarades. Avec TED-i, quand l'élève revient, il n'y a pas ce sentiment d'être déconnecté.
C'est un travail qui est fait avec le « pôle handicap et école inclusive » au niveau départemental et avec le médecin conseil du DASEN qui étudie pour chaque cas, s’il est possible d'intégrer le dispositif. On travaille aussi avec l'agence régionale de santé pour faire connaître ce dispositif dans les établissements de santé et auprès des parents. Il y a 174 robots déployables par nos équipes lorsqu’un élève est absent au-delà de quatre semaines.

Votre devise ?

« Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous ensemble » d’Euripide

Votre mentor ?

Nathalie Becoulet, l'ancienne DRANE en Bourgogne-Franche-Comté, qui était ma cheffe quand j'étais son adjoint. J'ai beaucoup appris à ses côtés.

Si vous étiez une œuvre ?

Le livre de Thomas Pesquet, « La terre entre nos mains ». Ce livre est vraiment magnifique et je trouve qu'il reflète bien la diversité de ce qui existe sur notre planète. La diversité d'environnements, la diversité culturelle mais aussi la fragilité de notre planète et tout l'enjeu actuel de la préserver si l’on veut que l'être humain continue à l'habiter.

Mise à jour : mars 2024